vendredi 5 septembre 2008

J'ai grandi sur un tatami

A 18 ans, je descendais la rue de ma banlieue pourrie. Je passe devant deux hommes qui me sifflent, m’interpellent. L'un s'avance à ma rencontre, décidé. L'autre le rejoint, le tire par la manche et dit "Laisse tomber, je la connais. Elle est ceinture noire de karaté". Puis j’ai continué à apprendre pour ne pas dépendre.

Quelques années plus tard arrive celui qui aurait dû être l'homme de ma vie. 1m90 et la carrure qui va avec. Tant d’amour il m’a donné mais le poids de l’armure il m’a laissé. Sept ans défilent. Je croise d'autres yeux. Je m'en vais.

Toujours grand, toujours fort. Tant de preuves il m’a offertes mais toujours le sabre il m’a laissé porter. Onze ans s’écoulent. Je croise de nouveaux yeux. Je pars encore.

Depuis ses 1m77 et ses nouveaux 31 ans, depuis mes presque 40 ans, dans un café un soir je l'entends : "Viens, on s'en va". "Mais pourquoi ? On est bien là." "Je n'aime pas ces mecs au comptoir. J'ai peur pour toi. On s'en va".

Je t'ai laissé dire et faire, stupéfaite, amusée. Mais quelque chose alors a changé. Je ne portais plus ni l’arme ni l’armure. De ce fardeau tu m’avais délestée, sans même me le demander. J’étais nue et légère, docile et comblée.

Plus grand plus fort encore, un autre est arrivé. J’ai su qu’il fallait que je ressorte de sa boite l’armure repliée et à nouveau comme un samouraï vite l’enfiler. Mais c’était trop tard, je n’y suis pas arrivée.

Six ans plus tard, ce soir, c’est toujours à toi que je pense quand j’ai besoin d’être protégée.

1 commentaires:

Fiso a dit…

J'avais jamais cliqué sur le "go!".
Pourtant, ce soir, j'ai pas l'âme d'une aventurière et ton billet enfonce le couteau dans la plaie ... mais putain, je pourrais écrire ta dernière phrase !

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