samedi 15 novembre 2008

Un soir d'été, acte manqué.

Pourquoi je pense à ça soudain, allongée dans mon bain ? Ça fait 6 ans, c'est à dire un bail, mais subitement ça me revient et je me demande pourquoi je suis incapable de me sentir à nouveau dans l'état léger dans lequel alors je me trouvais. Je repense à ces hommes qui venaient spontanément me parler, dans la rue, dans les cafés, que je sois seule ou accompagnée. Ça ne m'était jamais arrivé. Je devais dégager quelque chose sans m'en rendre compte qui les poussait à m'aborder. Je revois avec tendresse celui qui timide et gêné m'a suivie sans que je l'ai remarqué, dans les toilettes de ce bar à rhum où nous étions plusieurs en plein été. Il était grand, la tête rasée, jeune et magnifique, avec des yeux verts à se noyer et je jure que lorsqu'il m'a parlé il avait les larmes aux yeux, faisant un effort considérable pour vaincre sa timidité. Il bafouillait en me disant qu'il était désolé de m'avoir suivie jusqu'ici pour pouvoir me parler, qu'il se doutait que je n'étais pas seule mais qu'il s'était dit ne pas pouvoir laisser cette chance passer. J'ai souri devant sa candeur, touchée par la sincérité qu'il affichait. Lorsque je lui ai demandé ce qu'il voulait, il a répondu : "Simplement boire un café. Est-ce que vous accepteriez ?". Je me suis trouvée idiote, ne sachant si je devais accepter ou refuser. Mais à cette époque, un rien me grisait. J'ai dit oui pour voir ce qui allait se passer. Il n'avait rien pour noter son téléphone et moi, juste ma robe d'été. J'ai confirmé que je n'étais pas seule, même si dans ma tête je l'étais. Je l'ai aperçu une heure plus tard, faisant les cent pas devant ce bar, un papier glissé dans la main droite alors que j'en sortais. Nous étions six ou sept. Je l'ai vu, nos yeux se sont croisés, mais de l'autre côté du trottoir, il n'a pas osé approcher. J'ai oublié son prénom, mais pas cette soirée qui avait commencé par la serveuse qui ostensiblement me draguait. Ca aussi, ça ne m'était jamais arrivé. Que se passait-il ce soir là, je l'ignore. Je n'étais ni gaie, ni avenante. Je venais de perdre l'homme que j'aimais et j'étais avec celui qui depuis 10 ans m'accompagnait.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

L'état de grâce non ? J'aimerais bien que ce genre de moment m'arrive. @ +++

Anonyme a dit…

Idem PJ, c'est excellent ces moments, enfin je subodorre...(c'est dingue les mots à la c... qu'on peut employer dans un blog alors qu'on les dit jamais en "vrai" ;o)
Bises de papillon (il est très beau ton texte)

Anonyme a dit…

Il m'a vachement émue ton texte ... J'aurais pu té répondre que souvent, nous exercons une attraction plus foirte lorsque nous sommes sexuées, ou sexuellement actives, mais dans ton cas, visiblement, tu n'étais pas "rayonnante" ... alors, mystère ...
J'aimerais bien aujourd'hui qu'un homme comme celui que tu as rencontré ce soir-là m'invite à boire un café, mais il paraît que nous leur faisons peur, désormais ...

les nuages bavards a dit…

@PJ : oui oui voilà, tu as trouvé le mot juste ;)! Ca a duré pas mal de temps, je sais toujours pas pourquoi ni comment... Ca va être à ton tour maintenant ! Tiens moi au courant ;)

@Veropapillon : tu dis jamais subodorer toi ? Ça m'étonnerait ! Et "néanmoins" et "désormais", tu le dis pas non plus ? Moi, j'aime bien ;). Merci pour tes compliments sur le texte. Comme toujours ils me touchent.

@Fiso : Didon toi, je suis sexuée quand même eh oh ! ;) Mais je te l'accorde, ce jour là reste un vrai mystère. Les choses se sont succédées dans une même soirées de façon surnaturelles. Je t'avoue que cette enchainement ne s'est jamais reproduit... Il devait y avoir une conjonction particulière de Mars dans la Vierge ! ;)

Anonyme a dit…

dommage qu'il n'ai pas osé, un clin d'œil à la vie qui aurait, sait on jamais, pu être totalement différente, un pied de nez aux choix que nous faisons à un moment ou un autre et ça bascule. J'ai vraiment beaucoup aimé tes mots et ce soir d'été.

les nuages bavards a dit…

@Bougrenette : J'aurai dû oser le faire à sa place. C'était à moi d'y aller mais je n'ai pas voulu faire de mal ce soir là, ce qui était idiot car le mal de toutes façons, je l'ai fait... un peu plus tôt, un peu plus tard, ça n'aurait rien changer. C'est pourquoi il faut toujours privilégier l'envie, la spontanéité, dire "oui" à la chance quand elle sourit, pour ne pas avoir de regrets au final.

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