lundi 2 février 2009

Le premier jour du reste de nos vies

Mardi 27 janvier.
8h00. Il y a le kiné qui tente de réparer depuis près d'un an cette épaule fracturée. 9h00. Il y a le froid de la chaudière en panne et moi en train d'attendre le réparateur. 9h50. Il y a un café dans une tasse froissée, une cigarette dans le cendrier, le PC allumé. J'écris. 11h00. Je m'ennuie, je me connecte en parallèle sur MSN. 11h05. A. est là, on papote. Il me demande comment c'était Milan. Il ne sait pas pourquoi ni comment je suis allée là bas. Je ne le renseigne pas. Je fais juste une visite guidée de la ville. Il me dit qu'il veut qu'on parte ensemble à Berlin, le week-end prochain. Je ris, lui dis qu'on aurait l'air malin, moi qui pourrait à peu près être sa mère ! Il s'en tape, dit qu'il est bien quand on est ensemble, qu'il apprend des choses et qu'on rigole. Mouais, c'est surtout mes fesses qu'il aimerait (ap)prendre à Berlin !
12h00.
Il y a ce mail qui s'affiche. Je me raidis. Un mois que je l'attends, un mois que je l'espère, mais je n'y croyais pas aujourd'hui. Je le lis. Le premier mot me pétrifie. 12h00-12h15. Il y a moi qui le lis, qui le relis, et le relis encore entre les lignes. Je lis l'angoisse, je lis la peur, je lis des mots qui n'ont pas été écrits. Je pleure. Ça coule, je ne peux rien retenir. 12h15 - 13h30. Je suffoque, je pleure, je tremble. 13h35. J'envoie quelques lignes. Je dis que j'ai reçu, lu, compris, que je ne peux rien dire, que j'aime trop pour ne pas laisser se redresser le navire, m'oublier, partir. 14h00. Il fait 15° chez moi, -12° à l'intérieur. 14h30. A. me demande si ça va mieux, pourquoi je suis triste, pourquoi je pleure, si je veux qu'il vienne. Je ne dis rien, ou plutôt si, que je veux bien mais que j'ai juste besoin de parler, de me changer les idées, pas de baiser. Il dit ok... 14h30-20h. Je m'occupe, j'engueule le réparateur, je pleure, je regarde le plafond des heures, je suis perdue, j'ai mal, j'enrage, je ne comprends plus.
20h15.
Il y a un sms : "Je serai chez toi dans une heure". Je pleure. 20h30. Il y a moi qui prépare des pâtes ce que je n'ai pas fait depuis des mois, préparer quelque chose pour deux, pour trois, etc. Je pleure. 21h30. A. arrive, se goure d'immeuble, de porte, d'étage... 22h15. Il parle, il rit, fait son max pour me distraire. Le vin ne me saoule pas. 22h30. Je n'arrive pas à parler, rien ne sort. J'aurais aimé lui dire, lui raconter mais il ne saura rien de ce qui me broie. Je bois. Putain, rien à faire, ça ne me saoule pas ! Des larmes roulent. Je les essuie en cachette mais j'ai les yeux verts et l'eau les rend plus clairs, ça se voit. 22h50. Ses mains sur les miennes, ses bras autour de moi, ses baisers qui consolent mais me cherchent. Je vais me laisser faire, calmer peut-être la douleur quelques heures. 23h30. Ses mains me tiennent fort les hanches, son torse se penche, son souffle est dans mon cou, sa voix murmure à mon oreille "J'avais rêvé de te faire l'amour sur ton canapé". Ses mots me transpercent plus que sa queue, il ne voit pas mes yeux, les larmes roulent, je les retiens tant que je peux. Je sens que ma raison se perd. Ce n'est plus sa voix que j'entends me dire ça, mais celle d'un autre qui l'a dit cent fois et qui depuis midi n'est plus là. 00h20. J'ai joui, c'est à lui. Il veut venir sur mes seins. J'ai dit "Oui, viens". Et comme dans un cataclysme où tout converge pour me détruire, je le vois se raidir et jouir à n'en plus finir. J'entends alors cette première note et je sens que cette fois je ne pourrai rien contenir, je sanglote : Terry Callier commençait à chanter "Live With Me".
C'était le premier jour du reste de ma vie.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis impressionnée ... touchée et évidemment sans rien avoir à dire. J'ai vu ce film samedi, Le premier jour du reste de ta vie, Jacques Gamblin, Zabou Breitman magnifiques. A te voir bientôt, je t'embrasse

Anonyme a dit…

Ce mail que tu as reçu, c'est définitivement la fin ? Est-ce que les choses ne sont pas plus claires alors ?

Anonyme a dit…

Terry Callier très bon choix, j'en recommande deux, "Les courants d'air" la bien connue et puis une de mes chansons préférées, Dancing girl. Bises Bises. @ +++

Anonyme a dit…

C'est triste et beau en même temps : ce mail dont on ne peut qu'imaginer un contenu, ce jeune amant qui joui et te fait jouir, tes beaux yeux verts noyés, le plafond, le froid, le vin...
Plein d'images qui se mélangent en te lisant. Une beauté triste et touchante.
Plein de bises de papillon

Anonyme a dit…

Un premier commentaire chez vous.
Pour une note touchante, troublante, dure et pourtant joliment écrite.
Juste vous dire que le premier jour du reste d'une vie ne veut pas dire que tous les suivants doivent lui ressembler.
Je reviendrai.. c'est sûr !!!

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