jeudi 11 décembre 2008

Bleu, vert, blanc (2/2)

J'ai le cœur en miettes, la raison en dérangement, le vide dans ma tête, le souffle aspiré par le néant et je suis là à aligner des lignes sur mon avenir professionnel qui comme le reste est aux abonnés absents, mais dont finalement je me fous princièrement. Je suis là à aligner des lignes sans y croire vraiment et à regarder par les baies vitrées de mon bureau directorial, les tours de la Société Générale qui se découpent comme autant de vers luisants sur les nuages gris et blancs. Mes pensées sont ailleurs. Il faudra bien pourtant que je les rapatrie à un moment. Demain je dois annoncer des licenciements. Je surfe sur la vague depuis trop longtemps pour avoir dans la tête le discours que je vais devoir tenir devant tous ces gens. Le sujet est là depuis deux mois, mais je l'ai traité sans m'y impliquer réellement, juste en faisant semblant. Ça ne m'était jamais arrivé auparavant. Habituellement, j'improvise avec les propos qui m'arrivent parce que le sujet je le maitrise. Mais là, improviser ou préparer me semblent identiques, impossibles. J'ai la tête vide. Il faudrait que je me concentre, que je donne quelques chiffres, que j'imagine les contradictions qui viendront, c'est évident. Je m'en veux d'être si peu impliquée, si peu professionnelle, dans cette situation où demain quelques personnes parmi 400 vont voir leur vie basculer soudainement. Ma tête est vide, mes yeux sont gris comme le ciel de Paris. Je suis en apnée, je suis étranglée. Et je pense à cette soirée où je vais sans doute devoir me justifier, où on va me sermonner, me donner des conseils à deux balles dont je ne ferai rien. Vais-je le supporter ? En aurai-je ce soir la patience qui n'est pas la plus avérée de mes qualités ? Je n'ai plus envie de faire d'effort. Voilà ce qui ne va pas. Je n'arrive plus à fournir le moindre effort de concentration, de patience, d'énergie, d'envie, de vie. Je n'ai même pas envie de sable blanc, de mer bleue ou d'arbres verts. J'ai juste envie de pluie, de gris, de vent, des plumes de la couette et de toi dedans, de tes mots bleus, de tes yeux verts et de ton sourire blanc. Et de dormir... vraiment.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

effectivement ...

Anonyme a dit…

keep quiet!

Le printemps est après l'hiver ....
Il faut que tu t'astreignes à un projet , une envie , un désir , un fantasme , enfin une sorte de truc qui dise bonjour à la vie.
Et puis je ne te laisserai pas dormir, je ronfle ....

Anonyme a dit…

Ben non ! T'es une Princesse quand même !
Parfois il est difficile de lutter quand l'esprit est dans du coton gris, il faut espérer que ça passe ou sinon va falloir se faire aider parce qu'on peut pas toujours faire et assumer tout, toute seule ;o)
Pour ce qui est de la vie des autres parfois c'est sa peau qu'on doit penser à sauver.
Plein de bises de papillon qui arriveront, j'espère, en haut de ta tour grise du ciel parisien.

ps :(j'ai vu que tu étais passé chez Memorandom, c'est sublime ce qu'il écrit, ça fait du bien à la Princesse, ça, quand même, non ?! ;o)

les nuages bavards a dit…

@Luz, Charmi, Véro : Je vous embrasse... j'ai rien d'autre à dire.

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