dimanche 16 août 2009

Points d'interrogation et de suspension

Il semble que je laisse ce blog en jachère.

Les blessures se referment et moi avec. Peut-être.

En tous cas, elles saignent moins et c'est déjà bien. Cicatrisation temporaire ou guérison complète ? Je l'ignore encore.

Je suis dans un no-man's land d'émotions et de sentiments. Je n'aime pas ça. Pourtant je sens que c'est reposant. Mais le repos et moi, ne sommes pas des amis chers, c'est juste un compagnon emmerdant.

Je n'ôte pas ma cuirasse facilement. J'ai mis sept ans à le faire dans le cas présent. Sept ans à faire attention à ne pas prêter le flanc, sept ans à ne laisser aucune brèche s'entrouvrir, sept ans à repousser consciencieusement chaque sourire, chaque parole, chaque sous-entendu qui aurait pu laisser mon flot jaillir, comme si j'avais une prescience de ce qui allait sans quoi advenir. La digue a cédé l'été dernier, mon cœur s'est noyé et ma raison engloutie avec.

Je me vois comme ces tatous que l'on croise sur le bord des routes en Guyane, pendus au bout d'une perche, dépecés, nus, et dont la carapace a laissé une trace profonde dans la chair.
J'ai peur aujourd'hui d'être dans l'incapacité de laisser à nouveau tomber l'armure, effrayée à l'idée qu'on me suspende au bout de cette perche...

Comment vais-je demain gérer la suite ? Je sais qu'il faut jouer pour gagner, je sais qu'il faut tenter pour avancer, je sais qu'il faut prendre des risques. Je l'ai toujours fait, ai souvent gagné mais quand il m'est arrivé de perdre, j'ai trop payé. J'ai réglé une addition à la hauteur de ce que j'ai donné, paradoxe s'il en est.

Je parle de moi ouvertement dans ce billet, alors que je n'ai jamais eu envie de le faire, jamais eu envie de raconter ma vie, ici. Je n'ai jamais envie de la raconter où que ce soit d'ailleurs...

C'est pourquoi jusque là, même si ce que j'ai écrit a toujours été le reflet autobiographique du moment, de ma vie de l'instant, je n'ai traduit que des émotions, des sentiments, sans trop en dire, sans être trop claire sur les événements qui me conduisaient à les ressentir. C'est ainsi que je conservai, curieusement sans doute, le maximum de pudeur.

Je me suis prise au jeu de l'écriture, mais surtout à celui du rythme. Je n'ai pas envie d'écrire autrement, du moins pas ici. Je suis une adepte du "concept" que j'ai pourtant galvaudé plusieurs fois dans ces pages, tout en répugnant à le faire. Je me sentais poussée par la nécessité factice, quand trop longtemps rien de plus fort ne prenait forme sous mes doigts, de faire vivre un minimum ce "chez moi", comme on dit dans cet univers.

Alors le choix est devant moi. Continuer à écrire un peu n'importe quoi sur ce blog, ce qui me passe par la tête, des moments, des instants futiles de ma vie, des découvertes, ou laisser cet espace en jachère et n'y revenir que lorsque j'aurai vraiment quelque chose d'intense à y mettre ?

A cette heure, je ne sais pas. Attendre le temps qu'il faudra pour que d'autres blessures me donnent le rythme nécessaire ?

Peut-être.

19 commentaires:

Philo a dit…

Je pense qu'il ne faut pas trop se poser la question du devenir d'un blog. Il y a ce qui est écrit et qui peut correspondre à un moment ou à un autre, au désir d'un lecteur de passage.
Pour soi, il doit demeurer un lieu où y déposer ce qu'on a envie d'y mettre, le jour venu !
Quant à moi, j'en ai deux en jachère, alors que devrais-je dire ... ;)
Mais je n'ai jamais songé à les fermer. Au nom des mots déposés, ainsi que ceux laissés par les autres.
Je t'embrasse.

Estrella a dit…

Ben... Il faut faire comme tu as envie ! Perso, je préfère que tu n'écrives plus, même si tes textes étaient d'une beauté rare et envoutante, et que tes blessures se referment.
Mais ça peut être sympa aussi de ne pas partager que des blessures, quand on a une belle écriture, on ne l'a pas que dans le chagrin.
Je n'en sais rien, à vrai dire...
Bises ;o))

Saravati a dit…

J'aime la sincérité et l'émotion qui se dégagent de vos textes, ils sont à votre image, pleins de questionnements qui les rendent encore plus précieux.
Je crois que quelque part, le besoin d'écrire est l'expression d'une souffrance, du moins d'un déséquilibre. cela peut être aussi un jeu avec l'esprit pour qu'il se libère.
Vous maniez les mots avec élégance, peut-être pensez-vous qu'ils "collent" trop à ce que vous êtes en ce moment, c'est quelque chose que je peux comprendre.
Je vous dirai : continuez d'écire, même si c'est uniquement pour vous et puis avec le recul, vous aurez peut-être envie de poster certains de ces textes, reliftés pour l'occasion...
L'écriture est aussi une forme de thérapie douce.
Moi, j'ai commencé par défi à écrire des espèces de chroniques et puis au fil des rencontres, je me suis ouverte à d'autres sensations d'écriture, plus personnelles, plus intimistes. Il me déplaît parfois de penser que certains lecteurs (je n'en ai pas beaucoup) pensent que je ressens tout ce que j'écris, ce qui n'est pas l'exacte vérité mais ne sommes-nous pas tous un peu des vampires qui se rapaissent de l'écriture des autres ?
J'espère encore vous lire mais à condition que cela vous apporte quelque chose de positif, le blog ne doit pas être une obligation, jamais !

Merci pour vos passages et gantils commentaires chez moi, la première fois, le commentaire était passé deux fois, je me suis permise d'effacer le doublon. Cela m'arrive aussi souvent d'avoir des difficultés pour poster un commentaire, coupures sur internet ?

Portez-vous bien. Avec toute ma sympathie.

Gaspard a dit…

J'aimerais bien te voir écrire que tu vas bien, et le bonheur des jours et des nuits. Ce n'est pas futile, il n'y a pas que la douleur qui soit importante.

les nuages bavards a dit…

@ Philo
Je ne compte pas le fermer. Eventuellement, le laisser s'endormir...

@ Saravati
Vos compliments et vos conseils me touchent beaucoup. Comme vous, j'ai parfois la crainte qu'on me lise au pied de la lettre, car si la sincérité est là, l'intensité n'est peut-être pas toujours jaugée à mon échelle.
Ce blog m'a déjà apporté des choses positives et contrairement à ce qu'il semble être, je vois souvent le bon côté des choses...

C'est mon inattention qui a fait que je n'ai pas vu s'inscrire mon commentaire chez vous ! Il était en haut de pile, alors que je l'attendais en bas. ;)

Je vous dis à bientôt.

@ Véro & Gaspard
Bien-sûr que le bonheur des jours et des nuits n'est pas futile ! Il est même essentiel. Je voulais juste dire, sans me faire comprendre apparemment (putain, faut que je change de style !) que je ne savais pas écrire quand j'allais bien et que je n'avais pas envie de faire un billet pour dire que je m'étais levée pour aller travailler et que mon scooter avait crevé. ;)
Céti plus clair ? ;)
Cela dit, quand l'occasion se présentera et que je trouverai les mots pour le dire, j'écrirai tous les bonheurs possibles !
Je vous embrasse tous les deux en même temps, et aussi chacun votre tour, assurément.
A bientôt.

philachev a dit…

Bonjour
Les blessures finissent par se refermer pour laisser des cicatrices, douloureuses au début, puis qui font partie de nous, qu'on fini par accepter, voire trouver belles car avec les années c'est aussi de ses blessures qu'on tire sa force...
Quand on écrit pour dire quelque chose, et pas seulement faire du vacarme de mots, il faut avoir inspiration, c'est par période, mais il n'y a pas que les fées noires qui inspirent, les muses aussi, c'est juste par période...
Gardez courage, l'envie reviendra ;)

VéroPapillon a dit…

heu...se lever le matin pour aller bosser et un scooter crevé, c'est pas vraiment du bonheur...il y a un truc à écrire là-dessus ;o))
je te taquine ;o)
Merci pour les bisous ;o)
ps : de toutes les manières, avec les "capucines" bientôt tu n'auras plus le temps d'écrire, alors la question se posera même pas ;o)

les nuages bavards a dit…

@ Philachev
J'aime mes blessures. Ce sont elles souvent qui m'ont permis de comprendre mieux mes congénères, de les écouter, de les soutenir sans juger.

Les fées noires ?! Es-TU (c'est bien comme ça qu'on a dit qu'on faisait ? ;-) amateur de BD ?

Merci de ton commentaire ici. Il m'a donné l'occasion de découvrir ce que tu penses et donc écris, et je dois dire que j'apprécie.:)

@ Véro
Je suis sure que certains auraient le talent nécessaire pour transformer ces galères en moment hilarant.
Tu sais, avec ou sans les "capucines", j'ai pas franchement le temps, mais je le prends quand c'est l'envie et le désir qui me motivent. Et tu me connais assez pour savoir que j'aime toujours les habits de fées ;-)
[Désolée les gens, je parlais juste avec ma copine un moment.]

Multi-sourires a dit…

Je passe et repasse sur ce billet
Je cherche ce qui me touche en particulier
Et je crois que j’ai enfin trouvé la rime
Pour te dire que cela me fait sourire

Car je crois en la force des mots
Pour exorciser ce qui n’est pas beau
Et quand tu écris que tu n’a plus mal
Que tu cicatrises, je trouve cela normal

Parce que on a tendance à mettre des masques
Quand on souffre, des armures, du maquillage
Et puis avec le temps ça rouille, ça craque
On ne sait plus si on est transparent ou opaque

La terre a besoin d’être mise en jachère
Il en est de même pour toi belle Princesse
En attendant l’envie d’écrire ici ou ailleurs
Je te souhaite tout simplement le bonheur

Fiso a dit…

Moi c'est exactement l'inverse, je n'écris que quand je vais bien.
C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle certain(e)s m'imaginent futile. Et c'est aussi une des raisons pour lesquelles j'aime te lire, toi, ta profondeur, tes questions, tes doutes. Regarde Boug', elle n'écrit pas des choses gaies et pourtant, gaie, elle l'est plutôt. Sur les blogs, on ne montre que ce qu'on a envie de montrer, et on écrit ce qu'on a envie d'écrire. T'es pas là pour amuser la galerie si t'en as pas envie. Continue à faire comme tu veux.

gicerilla a dit…

Et bien moi, je n'ai pas de bol ! Je passe ici et voilà ce que je lis. Je souris car je me dis que je suis un mélange (équilibré ?) entre Fiso qui écrit quand elle est bien et vous qui écrivez quand vous allez moins bien :-)
Ce qui compte c'est que la motivation soit là, nécessaire, authentique.
A bientôt peut-être !

les nuages bavards a dit…

@ Multi Sourires

"Et puis avec le temps ça rouille, ça craque
On ne sait plus si on est transparent ou opaque"
J'adore ces vers.
Merci :)

@ Fiso

Futile, toi ? Ah je savais pas. Qui dit ça que je leur casse la gueule ?

@ Gicerilla

Vous passez hier et aujourd'hui hop, je poste ! Je me suis pas foulée, c'est sûr, mais j'ai posté quand même... Repassez quand vous voudrez, on sait jamais... Je change d'avis comme de soutien-gorge !

Bougrenette a dit…

Dernièrement quelqu'un m'a écrit ces mots "parle, dit, plains-toi, ça fait du bien parfois et pas seulement à soi ... à ceux qui nous entourent aussi" j'ai pris ça comme une claque, j'y ai beaucoup pensé par la suite, je suis peut être hors sujet, je n'ai pas encore lu la dernière note mais j'avais envie de le dire, la personne qui m'a écrit ces mots c'était toi. Je ne te souhaite pas d'autres blessures loin de là, je t'aimerais heureuse tout simplement.

Fiso a dit…

J'ai bien écrit "m'imaginent futile".
Tu casses la gueule, toi aussi ??
;)

HasardAiles a dit…

Bonjour,

Enchanté de faire votre connaissance ainsi, vous découvrant en ce dernier billet publié.....et ces mots aux contenus si puissants, si troublants......

Tendrement,

Henri-Etoile

les nuages bavards a dit…

@ Bougrenette
Ca va v'nir, t'inquiète.

@ Fiso
J'avais bien lu :)
Bah oui, ça m'arrive...

@ Henri-Etoile
Merci, je vais rougir :)
Enchantée aussi de votre venue ici. Revenez quand vous voulez.

Dana a dit…

Un texte que, si j'avais ton talent, j'aurais pu écrire. Et grâce auquel et à quelques événements récents, je retrouve mes larmes, j'avais si peur de m'avoir trop emmurée.
Bises, princesse.

Flo a dit…

Vos mots pourraient être les miens...Je suis à la fois aujourd'hui très convaincue que le "spleen", appelons le comme cela, est une véritable source d'inspiration pour bon nombre d'écrivains, mais aussi que ce "spleen" est présent dans la vie de tout un chacun...qu'il va, qu'il vient...mais que seuls vos espoirs, vos envies, vos convictions profondes vous sortiront irrémédiablement de cet état pour vous hisser jusqu'à votre prochain pit-stop !
J'ai moi-même été longtemps convaincue que mes croyances, mes désirs, mes attentes étaient très (trop) "personnelles" et donc irréalisables. Je sais aujourd'hui que je me trompais...Continuez à nourrir vos espoirs, profitez des jolis instants, et refusez de vous enfermer dans un personnage qui ne serait pas vous : il n'y a finalement de muraille intéressante qu'en Chine ! Et qui pourra vous reconnaître si vous portez un déguisement ?!

les nuages bavards a dit…

@ Dana

Curieuse formulation Dana... "Grâce" auquel tu retrouves tes larmes... J'espère que tu n'es pas heureuse de les retrouver et que ce n'est qu'une formulation due au hasard. Je ne pense pas que les larmes - à part celles de bonheur et de joie - soient quelque chose à attendre... Et pourtant je suis plutôt du genre à penser que les choses intenses, heureuses ou douloureuses, valent mieux que la platitude d'un cœur en hiver.
Bises à toi. :)

@ Flo

Mes attentes et mes rêves n'ont rien d'exceptionnels. Ils sont sans doute les mêmes que pour beaucoup. J'ai eu la chance d'en réaliser un certain nombre. Je n'ai pas l'intention de m'arrêter là ;-)
Quoiqu'il en soit, et là je crois en revanche que c'est très personnel - non pas dans le sens exceptionnel, mais dans celui d'individu - j'écris mieux sous l'emprise du spleen que du bonheur. Pour certains c'est l'inverse et tant mieux !
Mon caractère "entier" et sans déguisement, me porte parfois au spleen le plus intense mais il a en contre-poids un avantage, celui de me donner aussi la force de me battre, de me hisser hors de l'eau et de recommencer à respirer, avec envie, sourire et passion. Il faut simplement du temps, un peu, parfois beaucoup, mais oui, on doit bien toujours en voir le bout !
Merci Florence de vos mots et de votre passage ici. Je vous découvre aujourd'hui. J'irai vous lire aussi.

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