De temps en temps, il me prend l'envie de passer par ici. Je relis vos commentaires et certains passages de mes textes, en me souvenant de ce temps que je n'aimerai pas revivre. La musique coule toujours dans mes veines, mais moins la peine. De temps en temps, il me prend l'envie de repasser par ici, de poster un autre écrit. Non pas que j'ai à nouveau quelque chose à dire, mais juste pour vous lire. Serez-vous encore ou toujours là, depuis le temps qu'ici ça ne vit pas ? J'imagine que non, que vous serez partis sous d'autres sphères, voire loin de la blogosphère. Je ne poste plus, mais d'autres non plus. Je ne me suis pourtant pas lassée de cet endroit mais il m'est désormais impossible d'écrire des lignes comme j'écrirai de la musique, avec des variations, des pleins, des déliés, des vibrations, des rythmes, des rimes. La faute à quoi ? La douleur qui est moins vive, la pharmacopée ingurgitée qui nivèle à hauteur d'encéphalogramme plat, les chagrins comme les joies. Je ne m'en plaindrais pas. J'ai payé très cher pour savourer enfin le calme plat. Ces derniers temps je me repose. Exit les tours de la Défense, exit les amants qui ne me méritent pas. Exit les amis qui n'en étaient pas. Bienvenue à la solitude qui ne me torture plus comme un oiseau entre les pattes d'un chat. Bienvenue à la tranquillité, l'apaisement, le sommeil. Enfin. Le ciel n'est pas bleu éclatant. Il s'éclaircit petitement ou se plombe légèrement, mais jamais autant, jamais tout à fait, moins qu'avant.
Ça fait plus de deux ans que je me tais à présent. Je me suis tue non parce que je n'avais rien à dire. Je me suis tue parce que je ne savais pas écrire ce que j'avais à dire. Je me suis tue parce que je ne voulais rien dire. Il y avait pourtant des choses à raconter, à expliquer, à coucher sur le papier pour mieux comprendre. A donner enfin à lire des choses plus gaies et épanouissantes que les textes précédents. Mais je n'en avais pas envie. Ce que je vivais alors dans un cocon, je n'avais pas envie que ça sorte. L'histoire était belle. Les prémices en ont été écrits ici, les premiers moments, les premiers échanges, les premiers doutes, le premier matin. Les jours passaient, les choses n'en étaient pas moins intenses, mais elles s'apaisaient, grandissaient, se mettaient en place... Peut-être. Je voulais les garder dans leur cocon, ne pas ouvrir la porte. Garder pour moi, pour lui, ce que nous étions quand nous étions ensemble.
Le temps viendrait, forcément, où rien ne serait plus facile. Le temps viendrait, forcément, où le ciel s'assombrirait, où la pluie tomberait en fines gouttes ou en orage. Je me disais qu'il serait temps alors d'ouvrir la porte et de dire que la pluie mouille et que le ciel menace. Mais je ne l'ai pas fait. J'ai gardé pour moi tous les moments, les précieux comme les autres.
Pendant ces deux ans où je n'ai pas été ici, j'ai embrassé, ri, joué de la musique, me suis nourrie d'autres vies. J'ai écouté, parlé, j'ai vécu. J'ai pleuré, sombré. Je me suis perdue, je me suis blessée, j'ai voulu rendre l'âme et n'ai pas pu. J'ai pleuré, j'ai dormi, j'ai survécu. Et me voilà aujourd'hui dans un ciel que je trouve pâle mais néanmoins bleu. Et me voilà aujourd'hui sans perspective mais avec l'espoir qu'il fera sans doute de moins en moins froid, de plus en plus beau, de moins en moins vide.
J'écris ce texte qui sera peut-être le dernier, pour tout ceux qui m'ont dit qu'ils aimaient me lire, pour celles et ceux qui voulaient que je sois moins silencieuse, pour ceux qui des mois de mutisme plus tard passaient toujours voir si quelque chose avait bougé de ce côté.
Je ne sais pas écrire quand je vais bien ou plutôt, je ne sais pas écrire quand je ne vais pas mal. Alors, je croise les doigts pour que cet endroit reste blanc ou qu'il se peuple de messages mal écrits et banals.
Je ne sais pas écrire quand je vais bien ou plutôt, je ne sais pas écrire quand je ne vais pas mal. Alors, je croise les doigts pour que cet endroit reste blanc ou qu'il se peuple de messages mal écrits et banals.