lundi 27 avril 2009

Le collier

"Tu me manquais", dit-il. "J'aime te manquer", répond-elle.

"Je t'attacherai, tu ne me manqueras plus jamais. Et si je vois que je ne supporte pas que tu sois à plus de 15 cm de moi, la laisse me semble la seule solution ma chérie".

Elle sourit et en même temps s'interroge. Comment fait-il pour la mettre dans cet état, elle que la simple idée d'une entrave fait bondir ?

"
Tu me mettras un collier pour qu'on sache que je ne suis pas abandonnée, pour que personne ne m'enlève ?", ajoute-t-elle.

"
Je ne veux pas qu'on t'enlève. Tu es à moi ! Personne ne pourra te prendre pour une chienne abandonnée mon trésor".

"
Il faudra me faire tatouer tu crois ?". Elle ironise pour continuer le jeu qui les rend tous les deux plus fondants que des caramels coulants.

"On verra, peut-être au creux des reins, ton visage et le mien".

"Ça fait mal les tatouages !". Elle joue la gamine, accrochant un regard complice et aimant qu'il partage.

"Alors le collier suffira mon ange".

Quelques secondes de silence à écouter les ailes de l'ange...

"Où étais-tu ? J'ai eu peur. Tu m'as manqué !".

"Ça servira à ça le collier ma douce, ne pas avoir peur de se manquer, être collés l'un à l'autre en permanence. Le sentiment que tu t'éloignes et hop, je te rattrape honey".

Tous ces mots qu'ils s'échangent, qui se répondent et se complètent, le plongent dans une bulle de douceur, un ciel de tendresse, une tempête de désirs intenses.

Il lui dit qu'elle est belle, qu'elle est et restera sa princesse, son manque, sa chatte et sa chienne fidèle, sa chérie à lui. Il lui répète qu'il sera à elle, qu'il l'est déjà d'ailleurs. Qu'il faut qu'elle le sache, qu'elle le croit, qu'elle lui fasse confiance.

Elle lui dit qu'elle est sienne, que ce collier de cuir elle en a envie, envie d'être liée comme ça pour la première fois de sa vie.

"Je crois que parfois, je ferai semblant de m'éloigner un peu... ".

"... Pour que je vienne te chercher et t'attire à moi avec le collier". Cette idée lui vrille le ventre.

"Si tu le portais, là, maintenant, je t'aimanterai à moi pour t'embrasser fort, à pleine bouche, que nos langues s'enroulent pour toujours
".

Imaginer qu'elle portera un jour ce collier, être certain de son côté que bientôt il y glissera ses mains, les plongent dans un trop-plein de sentiments heureux, chavirés par cette vague déferlante qui les emportent loin. Ils boivent mutuellement leurs paroles, ces mots et ces idées un peu folles, qui rendent leur évidence si forte et accroissent la certitude qu'un jour ils dormiront ensemble.

Ça fait si longtemps qu'ils sont là l'un pour l'autre.

Parfois elle se demande lorsqu'il lui manque trop, ce que sera sa vie à lui sans elle, ce que sera sa vie à elle sans lui lorsqu'elle partira, car elle sait que ça arrivera...

Mais le collier à présent, c'est elle qui le porte. Et comme ces chiens qu'on laisse attachés à un arbre sur la route de l'été, elle a vu sans comprendre son maître s'éloigner, disparaitre et l'abandonner.

lundi 20 avril 2009

Does anybody know where we're really gonna go?

Vapeur d'alcool, même pas fort, ventre vide, sueurs froides, fatigue, envies. Et cette musique qui enivre, plus que l'alcool, plus que la moiteur, plus que la fatigue. Bulles de désirs, sourire factice, sms complices mais futiles, pixels tendres mais vains. J'oublie tout. Je m'en fous. J'avoue. Cigarette, alcool, souffle out of order. Légère, où vais-je ? Nulle part. Droit dans le mur à coup sûr. Un pas à droite, un à gauche, un devant, deux en arrière. L'alcool me serre. La fumée me noie. La douleur me broie. Je n'ai jamais connu cette frayeur. Seule. Je pleure.

vendredi 17 avril 2009

Ca multiplie les cons aussi...

- Tu as pensé à moi quand ? C'était dimanche ?
- Oui, ici même, l'après-midi. Pourquoi ?
- Dimanche après-midi, je suis passé devant ton ancienne école... En arrivant au bureau lundi, j'ai recherché ton adresse. Impossible. Alors quand j'ai vu ton mail à 19h, j'étais comme un fou ! J'ai tout arrêté pour te répondre dans la seconde, pour que tu sois encore là, derrière l'écran, que tu ne partes pas du bureau avant de savoir que j'étais là, toujours au même endroit.
- Marrant... J'ai pensé à toi dimanche parce que je me disais que le net avait changé. Que j'avais eu de la chance il y a des années de rencontrer des gens qui avaient compté ou qui comptaient toujours, des hommes qui ne pensaient pas uniquement à consommer puis à jeter. Aujourd'hui, je ne crois plus que ce soit possible. En tous cas, c'est l'impression que j'en ai.
- Normal, tout le monde s'y est mis. Ça multiplie forcément les cons aussi.
- On se connait depuis quand nous deux ?
- Sept ans. Et ça fait trois ans qu'on ne s'est pas vu. Je crois savoir pourquoi...
- Ah ? Dis.
- Non... Enfin si... En tous cas ce que je sais, c'est que je suis toujours aussi bien, là, en face de toi.
- Tu es devenu sage ?
- Eh non... Je crois que je n'y arriverai pas. Ça m'entraîne pourtant dans des histoires incroyables. Comme à Istanbul, où je me suis retrouvé à dîner dans une famille musulmane, avec les parents de cette fille que je voyais lors de mes déplacements pendant quelques mois.
- Tu caches toujours la vérité aux femmes que tu rencontres ?
- Oui. Il n'y a que toi qui sait ce dont je suis capable. Et je suis capable du pire. Tu te souviens de ce que je t'ai dit ?
- Oui...
- C'est peut-être pour ça que je ne vais pas si bien depuis trois ans. Je n'ai jamais plus avoué ma part d'ombre...
- Pourquoi à moi ?
- Je ne sais pas. C'était naturel de te le dire. Je me sens moi avec toi, c'est peut-être pour ça. Et quoi que je te raconte de mes ignominies, même si tu détestes ce que je suis et que tu le dis, que tu es mon exact contraire, tu continues à me sourire.
- Sans doute parce que tu finis toujours par dire que tu n'es pas quelqu'un d'intéressant, que tu n'as rien à dire, que ton intérieur est vide. C'est paradoxal mais ça me touche et d'une certaine manière j'imagine que ça me rend unique à tes yeux.
- Pourtant tu sais que je suis un jeune con, que je n'aime pas les gens, qu'ils ne m'intéressent pas, que je suis capable de les trahir.
- Oui, c'est ce que tu dis... Pourtant, moins de 12h après mon mail et après trois ans de silence, tu es là. Tu as même fait le trajet pour me voir.
- Je crois que je vais continuer mes conneries jusqu'à ce que je ne puisse plus les faire... Parce que ça m'amuse, parce que c'est comme ça que je vais bien... Ça va s'arrêter quand tu crois ?
- Quand tu seras vieux et que tu ne pourras plus... Ou alors quand quelque chose de bien hard te tombera sur la gueule et que tu morfleras. Ça va arriver, t'en fais pas.
- Tu rentres quand de vacances ?
- Jeudi. Tu rentres quand de Lisbonne ?
- Samedi. Reviens vite...
- Toi aussi...

mercredi 8 avril 2009

08/04

Six mois plus tard, même endroit, même douleurs, même jardin dévasté.
Six mois plus tard, à regarder encore par cette fenêtre, les poumons à nouveau malmenés, les arbres toujours arrachés.
Six mois plus tard, retour à la case départ, comme si j'avais stagné, pourtant tout a changé.
Six mois plus tard, je suis toujours là, tu n'y es pas, je ne sais plus rien de toi.


Mark Lanegan - I'll Take Care Of You
tilidom.com

vendredi 3 avril 2009

Another soul lost in the dark

Croire une fois encore à l'évidence si forte, si grande.
Et sans plus rien se dire, sentir que quelque part dans Paris cette nuit, quelqu'un que je connais si bien, si peu, écoute ces notes là en même temps que moi.
Et sans plus rien retenir, voir les gouttes qui se crashent et qui dégoulinent sur le volant de la Clio positionnée en automatique, l'esprit en roue libre, les regrets au parking, un trou béant dans la poitrine.

mercredi 1 avril 2009

Wabi-sabi

Rien d'autre à dire. Juste beau.