mardi 27 janvier 2009

La Part-Dieu, la part des anges

C'est un peu avant Modène que j'ai allumé l'iPod pour faire taire le silence assourdissant de ce retour de week-end déroutant. J'ai volontairement appuyé sur aléatoire, réduisant ainsi à l'infinitésimal la probabilité de tomber sur un titre qui m'aurait trop parlé. Chambéry. Je descends fumer trois lattes et remonte dans le TGV. Ca redémarre, curieusement je vais bien. Lyon approche, curieusement je vais toujours bien. Puis soudain tout se mêle, tout s'emmêle. Karmacoma est là, s'accouplant dans ma tête au rythme des boogies qui n'existent plus. Lyon est là qui n'existe plus pour moi non plus et je vais mal. Tout se mêle, tout s'emmêle. La musique et cette ville, c'est le confluant de ma vie. La musique et cette ville où pourtant je n'ai jamais vécu, mais qui comme un aimant maléfique a vu s'agglomérer tous les hommes de ma vie. Et comme si ce n'était pas assez, au moment où le train s'arrête en gare, putain de programmation aléatoire, 50 Cent baise mes oreilles, sodomise mes pensées et fait que quelquepart toi aussi, tu viens rejoindre cette ville et t'y évaporer. J'avais décidé de te laisser sur le parvis de départ. J'avais décidé que tu deviendrais comme ces gares traversées à 200 à l'heure, un leurre. J'y étais presque arrivée. Mais Lyon et la musique, plaques tournantes qui s'unissent et me donnent des hauts le coeur de derviche tourneur, ont changé la donne, ont brouillé les pistes. Je lève les yeux comme pour attraper une branche basse et me tirer du marécage où je m'enfonce peu à peu. Je lève les yeux, vois les cheveux blonds en bataille, les yeux bleus baissés de celui qui m'accompagne et comme le ferait l'impact d'une balle, ces quelques phrases pas si vieilles me percent et m'assaillent lorsque le train stoppe net sur le quai : "On a eu des problèmes de calendrier Honey, mais en 2009 nos calendriers seront les mêmes, je te le promets." Pourquoi faut-il que tes mots me reviennent sur ce quai de gare qu'ils ont tous foulé à un moment donné ? Le premier quand il cherchait désespéremment à rencontrer le deuxième, sans rien savoir de lui si ce n'est qu'il habitait ici. Le deuxième qui a abandonné cette ville pour vivre avec moi à Paris. Le troisième qui a fait l'exact chemin inverse et toi qui vient les rejoindre par ce hasard de la programmation aléatoire. Et même ce garçon blond, initiateur de ce week-end milanais improbable, s'amalgame à Lyon, à la musique et à moi, ici, ce soir. Seul le nantais comme tu l'as baptisé il y a des années, n'a rien à voir dans la géographie de l'histoire. Décidément, il devait n'être qu'un chemin de traverse, un détour par l'ouest. Et je me dis que la musique je la déteste. Elle fait tomber dans mon escarcelle des jeunes gens éblouis mais me lacère à coups de double croches, de clés diverses et de bémols. Pourquoi ne suis-je pas comme toutes celles qui depuis longtemps déjà se sont arrêtées d'écouter, de découvrir et d'aimer ? Ca serait plus facile quand même... Et j'arrive chez moi, j'ouvre les mails. Vous avez de nouveaux messages. Et le nantais qui s'en mêle et m'envoie son dernier mixdown à commenter... Putain, foutez moi la paix ! Je hais la musique ce soir, je ne veux plus rien écouter, je veux simplement pleurer en me souvenant de Wandering Star et me mentir en espérant à nouveau le chemin du vertige.

vendredi 23 janvier 2009

Paris-Milan-Paris

Ce soir, 20h33, Paris-Bercy. Je vais monter dans ce train de nuit. Je chercherai la cabine n°42. Demain matin, samedi, c'est à Milan que je verrai la pluie. Entre ce soir à Paris et demain matin en Italie, j'aurai voyagé en tête à tête avec un inconnu qui a eu, mercredi à minuit, l'idée fantasque et vraiment belle de me proposer de nous rencontrer ainsi. J'ai dit oui, sans réfléchir en fait, comme pour exorciser cette rencontre qu'avec toi je n'ai jamais faite et ne ferai sans doute jamais. Jeudi midi, un sms me dit que la destination sera italienne et que les billets sont achetés. Je ne peux plus reculer. Je n'ai pas spécialement envie de le rencontrer. J'ai peur de l'ennui et du malaise. Il ne me fait pas vibrer puisque tu as tout cautérisé, mis la barre de notre évidence si haute que personne ne peut s'y mesurer. Mais je monterai quand même dans ce train ce soir, bien décidée à te laisser sur le parvis de cette gare. Je monterai dans ce train ce soir avec l'espoir qu'au milieu de la nuit, tu sois devenu comme ces gares qui défilent sans qu'on s'y attarde, juste un mirage de ma vie.

lundi 19 janvier 2009

Ce garçon maquillé comme une fille

Nous étions amis. De ces amitiés fulgurantes dont je ne sais pas pourquoi j'ai le secret, la chance ou parfois le désarroi. Quelques mois à se connaître, mais déjà il arrivait, les bras chargés de baguettes, de sésame, de citronnelle et de soja, pour faire la cuisine chez moi. Le nantais habitait encore là. Ça l'amusait moyen je crois, quand en pleine nuit, il fallait déplier couette et matelas. Moi, ça me faisait rire. J'ai toujours aimé les gens fragiles, les mélanges atypiques, ceux dont la chaleur et l'exubérance font voler ma réserve et ma distance en éclats. Puis, sans un mot, soudain il n'était plus là. Triangle des Bermudes des amitiés hors norme... J'ai perdu très peu d'amis dans ma vie, n'accordant ma confiance qu'avec parcimonie. Alors quand ça arrive, je suis toujours incrédule, blessée, surprise.
Colosse d'argile, ce garçon maquillé comme une fille, réapparait aujourd'hui comme il est parti, sans un mot, sans bruit. Il a le même âge que toi, celui où l'adolescence n'est pas encore si loin mais où la vie a creusé quelques traces néanmoins. Et je me demande si tu vas faire comme lui, revenir un jour sans un bruit ? Et je ne peux toujours pas croire que tu sois aussi léger que l'air qui passe, aussi trompeur que son maquillage, aussi faux que ses ongles peints. Je suis sure que tu seras là demain.

vendredi 16 janvier 2009

Fade To Grey

Moral dans les chaussettes aujourd'hui.
Marre de cette vie.
Marre du ciel gris, des gens, des immeubles, des grilles de ma vie.
Envie de bouches et de langues, de rires, de rouler dans un lit.
Envie d'espoir et de chance, de douceur extrême et d'infini.
Envie de toi si forte aujourd'hui.
Je m'ennuie...

Désunis vers

T'as beau être l'or du genre humain, ce soir j'ai les nerfs et je trouverai l'espace pour construire un univers contre lequel tu pourras rien !
Ce soir j'ai les nerfs, mais j'aimerai pas être à ta place même si je bois souvent la tasse, moi, j'me sens bien. J'ai fait ce qu'il fallait faire, j't'ai attendu des mois pour rien mais tu disais que ça finirait bien.
Ce soir j'ai les nerfs et j'ai envie que le temps passe pour construire cet univers dans lequel je vivrai demain, celui où tu reprendras ta place, loin.
Je me coupe en deux, c'est pas grave et quelques soient les traces, j'me jure que dans mon univers, demain, il n'y aura plus d'espace pour le tien.


Yann Destal - Un univers
tilidom.com

mercredi 14 janvier 2009

La salle d'attente

Je me retrouve à nouveau dans cette salle d'attente et tout revient. Tout me revient comme si ça m'avait quitté, ce qui n'est pourtant pas vrai. Ce n'est pas dans la salle d'attente que ça me revient. Ce n'est pas vrai non plus. C'est sur le trajet à pieds que j'y repense. Ce sera la première fois que j'irai là-bas sans que tes mots m'accompagnent, sans que tes mails s'alignent pour m'aider à tromper l'attente et l'angoisse. Ce sera la première fois que j'irai là-bas, sans que l'excitation de découvrir à chaque instant un nouveau mot de toi, ne vienne diluer les minutes toujours trop longues qui nous scindaient comme des siamois qu'on sépare. Et puis surtout, ce trajet de retour, celui pendant lequel je me pressais car tu disais "reviens vite, dépêche-toi, j'ai envie de toi !". Rien ce soir, ou tout comme, des sms qui résonnent. Des mots qui ne sont pas les tiens et qui ne me font rien. Des mots tendres auxquels je réponds en faisant semblant, pour déjouer l'ennui, pour tromper le manque. Et je rentre, il fait nuit. La pluie. Je mets les essuie-glace. Erreur Madame. Ce n'est pas sur le pare-brise qu'il pleut ce soir.

lundi 12 janvier 2009

L'incendie

Il fait froid ce soir. Elle marche à grands pas dans la rue glaciale. Hâte, tellement hâte d'arriver chez elle, de glisser lentement la clé dans la porte, d'ouvrir sans bruit. Pourvu que la lumière soit éteinte, pourvu qu'il y ait le silence, pourvu qu'il soit endormi. Pour une fois qu'elle va rentrer après lui, elle espère qu'il est déjà au lit. Se déshabiller sans bruit, mais d'abord traverser l'appart, escarpins à la main, éviter les lattes qui grincent et qui craquent. Depuis tout à l'heure, elle n'a qu'une envie, se glisser nue contre lui, coller ses seins à son dos qu'elle sait brûlant d'avance, glisser sa main sur la courbe tendue de sa hanche droite, descendre jusqu'à son ventre musclé, le caresser. Sentir alors les frissons que chez lui elle déclenche, que ce soit par le froid de son bras ou par l'excitation qu'elle provoque déjà. Peu importe pourvu qu'elle sente frémir la peau de celui qui l'envahit. Lentement descendre et rencontrer sa queue vivante, déjà incandescente, pointée vers sa main comme un appel à l'incendie. Doucement mais fermement la saisir pour lui faire sentir l'intensité du désir qu'elle a pour lui. L'entendre. Oh oui, l'entendre soupirer, d'abord quand son corps gelé s'est soudé à lui, puis l'entendre soupirer encore, dans un demi sommeil feint, à mesure que sa main commence à le branler. Il n'a pas bougé, savoure la caresse les yeux fermés. Elle sait que sa bouche ne va pas résister longtemps à l'absorber et que lorsque la pointe de sa langue se posera en premier sur son gland gonflé, il va pousser ce long soupir appuyé qu'elle adore, ouvrir vraiment les yeux et se retourner. Son sexe tendu comme un arc sera alors entièrement à sa portée. Qu'elle a hâte de le lécher, de le sucer, de l'avaler. Elle sait que lorsqu'il va enfin poser ses mains sur elle, caresser ses épaules, glisser ses doigts sur sa nuque et emmêler ses cheveux, c'est elle qui va gémir, couler et frissonner. Et voir ses yeux la regarder le dévorer, lui intimer l'ordre muet de continuer, s'ouvrir et se fermer... C'est sûr, elle va jouir rien qu'à l'idée qu'il va bientôt la toucher.

Paris, 16 décembre 2008

jeudi 8 janvier 2009

Wicked Game

Giant Drag tourne en boucle aujourd'hui.
Chaque mot de cette chanson me colle. Chaque idée me perce.
Le silence me détruit. La foi me quitte. L'oubli me griffe.
Et je lis ces mots que je trouve beaux, cadeau d'un autre comme un écho à ce qui m'anéantit. Je lui ferai moi aussi un cadeau ce soir. Celui de ma peau, de mes caresses, de mes mots.
Et je t'en voudrai de m'avoir attachée, puis abandonnée dans ses mains, sous sa bouche, à ses reins.
Et je t'en voudrai de m'avoir dévoilé l'osmose que jamais plus je ne verrai car elle est unique, je le sais.
Et je veux que tu brûles dans les flammes du regret d'avoir été si près, si proche, si vain.

"Les visages meurent et s'effacent
Habités par des flammes qui si souvent

Brûlent sans laisser de traces...

Je ne cesse d'aimer ce qui doit disparaitre."

Alex.