lundi 29 décembre 2008

Artefact

Chaque nuit un rêve. Chaque nuit en elle. Le matin il ne sait plus si c'est le rêve qui continue ou si c'est son cortex en éveil qui à chaque instant la rappelle. Quoiqu'il en soit elle était là, quelque part en lui au fond de sa nuit. Son sexe en témoigne, droit comme un mât, sa tête le confirme, focalisée sur son envie. Comme chaque jour il a des bribes d'instants neigeux quand il s'éveille, mais ce matin, il avait en plus le souvenir précis d'un moment de sa nuit. Les sensations extrêmes étaient encore si présentes, imprimées dans sa chair, traces brûlantes de ces instants érotiques et envoûtants, romantiques et pénétrants qu'il avait vécus toute la nuit avec elle. Et ce matin à 7h, avant de poser les pieds par terre, il revivait intensément les baisers échangés, partout comme des fous, dans la rue, dans les couloirs de l'hôtel qu'ils avaient choisi ensemble la veille. Il revoyait surtout sa jupe qui le rendait fou. Elle lui avait dit qu'elle était nue dessous pour qu'il puisse n'importe où, vérifier combien elle le voulait, combien elle mouillait. A se rappeler ces images irréelles, il fermait les yeux et sentait sa queue enfler comme une tempête. Mais ce n'était rien à côté du moment si net qui venait désormais remplir sa tête. La précision avec laquelle défilait la scène l'inondait de chaleur, lui vrillait à nouveau le ventre d'un désir si puissant qu'il en devenait obsédant. Cette scène qui s'était gravée en lui, fer rouge de sa nuit, la montrait allongée sur le lit, gémissante et offerte. Focus sur sa bouche qu'il admirait, sur sa bouche qu'il adorait. Zoom sur l'instant où il avait soulevé sa jupe et découvert sa chatte imberbe, ruisselante et ouverte. Gros plan sur celui où, magie du rêve, désordre du moment, sa main caressait ses cuisses, sa langue fouillait son sexe. Il avait gardé l'empreinte de ce frisson incroyable qui l'avait secoué quand il l'avait prise par derrière, englobant ses seins dans ses mains pour la serrer encore plus fort, pour la pénétrer encore plus loin. C'est fou, c'était bien sa voix cette nuit dans ce rêve. C'est fou, c'était bien SA voix qu'il avait dans la tête. Dérèglement des sens, confusion du jour et de la nuit, mélange du réel et de l'envie, ça avait été tellement fort cette nuit, que ce matin il éprouvait l'étrange phénomène que vivent ceux, amputés d'une jambe, qui sentent quand même sa présence là où il n'y a plus rien.

mercredi 24 décembre 2008

Voeu ? Voeu !

"C'est bizarre, un vœu. Ça meurt, comme un flocon sur le doigt. Au début c'est inoffensif et les dieux ne se vengent pas. Ils se moquent de vous."
Yann Queffélec - "Osmose"

lundi 22 décembre 2008

Les bottes noires

La dernière fois où elle l'a vu, c'était en juin. Ils ont déjeuné ensemble. Lorsqu'ils se sont quittés, comme autrefois il a cherché ses lèvres pour un baiser. Elle s'est détournée, ne ressentant plus l'envie qu'elle avait eu de lui il y a quelques années. Deux ou trois appels échangés depuis, et le dernier hier après-midi. Ils se sont dits qu'ils dîneraient demain pour se raconter leurs vies et partager quelques larmes aussi. Hier soir il la rappelle comme le ferait n'importe lequel de ses amis parce qu'il vit mal cette soirée inattendue pour lui. Elle lui parle, le vanne, il rit. Avec quelques heures d'avance il lui raconte alors sa vie, la décision qu'il a prise, ces 40 ans qui approchent, son divorce. Elle l'écoute, le comprend, le lui dit. Il évoque leur première rencontre, la buée sur les vitres de la voiture, ses bottes noires. Elle sourit, tergiverse, se tait. Il s'inquiète du souvenir sensuel qu'il a laissé, neutre, bon ou mauvais. Elle tempère, le rassure, n'a pas envie d'épiloguer. Il veut être sûr que leur passé n'engendre pas de gêne et lui dit qu'il aimerait qu'elle soit à nouveau sienne. Elle confirme que ce qu'ils ont à un moment partagé, ne génère aucun malaise, qu'elle a un lien avec lui, quelque soit ce qu'elle a dans la tête aujourd'hui. Elle reste évasive sur ses envies pour le ménager, pas la peine d'en rajouter. Et maintenant elle se demande comment elle va gérer ce dîner qu'elle n'envisageait que pour aérer quelques heures l'asphyxie qui l'envahit. Elle repense à ses mains glissant entre ses cuisses. A leur fébrilité quand elles rencontraient la dentelle de ses bas dépassant du haut de ses cuissardes en cuir. Elle se souvient de lui, allongé sur le lit, véritable objet de son plaisir à elle. Elle l'entend dire "Fais toi du bien ma belle. Je ne veux que ton plaisir, chérie". Ces pensées la laisse de marbre. Rien, pas une étincelle. Ce qu'elle veut aujourd'hui, jamais il ne l'a fait naître en elle. Elle veut aimer, fusionner, vibrer, de l'émotion plein le ventre, plein le coeur, plein la tête. A lui, elle n'a jamais pu donner que son amitié, son corps parfois et sa tendresse. Le poids de leur lien sera ce soir encore plus léger car son corps est possédé, sa tendresse attribuée.

jeudi 18 décembre 2008

Todo List

Cracher mon cœur,
Ramasser les miettes ?
Purger ma tête,
Gruger l'esprit ?
Brûler mon corps,
Ouvrir les jambes ?
Solder mes rêves,
Singer l'envie ?
Tuer l'attente,
Mentir ma vie ?
Oublier ?
Se perdre.


tilidom.com

I Am Kloot

lundi 15 décembre 2008

Les ailes du désir

Ils se désirent depuis des mois, et encore le désir ne semble pas être un concept assez fort quand on les entend ces deux là. Lui parle de fusion, de vouloir ne faire plus qu’un avec elle, il lui dit qu’il ne sait pas ni comment ni pourquoi mais que la seule chose qui le hante, c’est de s’ouvrir en deux pour pouvoir l'englober en entier. Qu’elle est partout en lui, qu’elle l’habite totalement, sa tête, ses bras, son cœur, son ventre et qu’il n’a de cesse de bander, qu’il veut la serrer, la lécher, la boire, la prendre. Il la voit partout, veut embrasser son cou, téter ses seins, jouir de ses reins. Elle, elle est au point extrême. Elle lui a dit cent fois "je suis à Toi", elle lui a dit cent fois qu’elle lui donnerait tout son corps, tout son être, que la moindre parcelle lui appartiendrait, lui appartenait. Elle veut sentir la chaleur de sa peau, la raideur de son sexe, sa langue, ses doigts, les avoir au plus profond d'elle. S’ils devaient choisir une partie d’eux-mêmes et abandonner le reste, ils choisiraient leurs bouches pour connaître la fougue de leurs lèvres et l’extase de leurs langues qui s’enroulent. Mais comment résister alors à se prendre, l’un dans l’autre, l’un avec l’autre, l’un pour l’autre ? Ces mots qu’il répète souvent l’ont toujours faite chavirer. Comme lui, elle n’a plus qu’une idée en tête, se fondre dans son corps comme ils le sont déjà dans leurs têtes. Elle le veut comme elle n'a jamais voulu aucun homme. Il déborde d'elle comme il ne l'a jamais ressenti de sa vie. Ils s’envahissent l’un de l’autre, sourires immenses, tensions dans leurs ventres, électricité dans leurs têtes. Ils s’attendent et se veulent, se le répètent à l’infini. Ils sont fous l’un de l’autre, ils sont fous de ce "nous" qu’ils forment ensemble. Désirs et tendresse, douceur et sexe, gravité et joie, rire et tristesse. Tour à tour, ils sont tout ces deux là. L’intensité les submerge, la force de ce qu’ils éprouvent les rend dingues. Leurs mains tremblent, sa queue enfle, leurs mots vibrent ensemble. Son ventre ruisselle, leurs voix se répondent, son souffle s’assèche, leurs corps tanguent. C'est un miracle, c'est hors de tout. Mais de miracle à mirage, juste une lettre de différence, c'est tout...

dimanche 14 décembre 2008

Quantum of Solace *

- M., t'as assez mangé ?
- mm... moui, j ai plus faim.
- tu veux un yaourt ?
- mm, ch'ais pas. Y a quoi ?
- nature 0%, chocolat 0%, fromage blanc à la vanille ou fromage blanc nature...
- mm... à la vanille, mais ça dépend...
- ahh... et de quoi ?
- si ça sent trop la vanille, j'aime pas.
- ah ben je sais pas... bon, ben prends nature alors !
- nan... aime pas trop le fromage blanc nature et encore moins les trucs au chocolat dégueu à 0%
- ok... bon, et donc tu veux quoi?
- mm... donne la vanille. Tu le mangeras si j'aime pas ?
- oui, oui, moi je le mangerai, allez !
- bah voilà, tu donnes à S., la poubelle de table à droite, elle finit tout ce que tu veux pas !
- M., tu veux une pomme maintenant ?
- mm... ça dépend, c'est quoi comme pomme ?
- oh putain ! Va falloir qu'on lui trouve un mec sinon elle va continuer à être chiante ! On va t'inscrire sur Fessebouc, ça va aller vite... mais JE fais la fiche parce que si tu commences à lister ce que t'aimes et surtout ce que t'aimes pas, on est pas prêtes de le voir, le nouveau !
- ah ah ah, très drôle... Facebook, j'ai jamais compris à quoi ça servait ce machin, vu que tes "amis", c'est ceux que tu connais déjà dans la vie, avec qui t'as bossé 10 ans, dont t'as le number et tout le reste. C'est crétin !
- bon ben, on va te mettre sur Meetic !
- ah ouais t'as raison... lumineux comme idée ça, tient ! J'ai déjà donné. Je rappelle le nantais ou c'est pas utile ?
- euh... c'est qui le nantais ???
- laisse tomber S., c'est Y. !
- bah pourquoi elle l'appelle comme ça ?
- mmm... pour rien. Bon et sinon, je finis hein... j'vous signale que sur Meetic ou ch'ais plus quoi, j'y suis allée 2 fois quand je voulais savoir si le "n-a-n-t-a-i-s" était inscrit ou pas... je suis tombée sur mon frère et sur un de mes collaborateurs !!!! Donc, j'irai pas !
- pfffff... bon, ben reste avec ta mauvaise humeur alors hein !
- ch'uis pas de mauvaise humeur. Ch'uis pas d'humeur, c'est tout.

- vous êtes prêtes les filles, on se le fait ce James Bond ?
- il te fait quelque chose à toi le nouveau ?
- à qui ? à moi ?
- ben oui, nous on s'en fout un peu hein...
- nan, me plait pas. Il a la gueule de Poutine, ça me glace.
- ah oui tiens c'est vrai, j'y avais pas pensé... mais bon, dans le premier quand il sort de l'eau, il est pas mal quand même.
- bah de toutes façons dans celui là, il sort pas de l'eau, donc... mais je reconnais que quand il sort de l'eau, c'est tentant... mais sans la tête, hein. Quoique par les temps qui courent, même avec la tête, allez, je prends !
- bon allez les Vamps... vous arrêtez de causer, ça commence !
- pfff... c'est pixelisé à mort et le son, ohlala c'est pourri... d'où tu le sors ce DivX ?
- hmm, hmm... c'est Y. qui me l'a filé.
- bah heureusement que j'ai des ex, les filles hein ! J'comprends pourquoi faut me caser. Vous voulez quoi cette fois ? Un réparateur de machines à laver ? Vu que pour l'informatique on a déjà ce qu'il faut !
- bah puisque t'en parles, on voudrait acheter un Mac... et le nantais, les Mac... enfin tu sais bien...

- bon, j'vais fumer mais j'ai froid.
- mais t'as combien d'épaisseurs là déjà ?
- ch'ais pas, attends, je compte : 1, 2, 3, 4 + la grande écharpe en cachemire.
- prends plutôt la doudoune pour aller sur le balcon, car avec tout ça et ton écharpe sur la tête, on va croire que j'héberge des tchétchènes !
- nan, j'en veux pas de doudoune... et si je meurs, comme ça on saura pas si c'est le froid ou la clope, je préfère.

- bon, on en fait quoi ? On va pas se la trainer comme ça encore des mois ? Elle s'achète même plus de chaussures... c'est grave cette fois !
- écoute, elle est déjà sortie ce soir, c'est pas si mal. Elle râle, mais elle parle... c'est déjà ça.

- alors, vous vous êtes mises d'accord ? Vous préférez quoi ? Lave linge ou spécialiste Apple ? Tu veux pas un jardinier plutôt pour ton balcon ? Mais bon, j ai jamais donné dans le "manuel" alors je sais pas bien comment faire, tu vois...
- Manuel ? bah c'est pas si mal... tu sais nous, du moment qu'il s'appelle pas Gérard...

* Ce titre à la con est finalement bien approprié pour cette soirée chez mes lesbiennes préférées. C'est vrai qu'il y a un minimum de réconfort à savoir qu'on peut être super chiante et aimée...

vendredi 12 décembre 2008

On/Off

Si ça continue sur ce ton, faut que je pense à changer de nom et à appeler ce blog PrincesseOffLine...

jeudi 11 décembre 2008

Bleu, vert, blanc (2/2)

J'ai le cœur en miettes, la raison en dérangement, le vide dans ma tête, le souffle aspiré par le néant et je suis là à aligner des lignes sur mon avenir professionnel qui comme le reste est aux abonnés absents, mais dont finalement je me fous princièrement. Je suis là à aligner des lignes sans y croire vraiment et à regarder par les baies vitrées de mon bureau directorial, les tours de la Société Générale qui se découpent comme autant de vers luisants sur les nuages gris et blancs. Mes pensées sont ailleurs. Il faudra bien pourtant que je les rapatrie à un moment. Demain je dois annoncer des licenciements. Je surfe sur la vague depuis trop longtemps pour avoir dans la tête le discours que je vais devoir tenir devant tous ces gens. Le sujet est là depuis deux mois, mais je l'ai traité sans m'y impliquer réellement, juste en faisant semblant. Ça ne m'était jamais arrivé auparavant. Habituellement, j'improvise avec les propos qui m'arrivent parce que le sujet je le maitrise. Mais là, improviser ou préparer me semblent identiques, impossibles. J'ai la tête vide. Il faudrait que je me concentre, que je donne quelques chiffres, que j'imagine les contradictions qui viendront, c'est évident. Je m'en veux d'être si peu impliquée, si peu professionnelle, dans cette situation où demain quelques personnes parmi 400 vont voir leur vie basculer soudainement. Ma tête est vide, mes yeux sont gris comme le ciel de Paris. Je suis en apnée, je suis étranglée. Et je pense à cette soirée où je vais sans doute devoir me justifier, où on va me sermonner, me donner des conseils à deux balles dont je ne ferai rien. Vais-je le supporter ? En aurai-je ce soir la patience qui n'est pas la plus avérée de mes qualités ? Je n'ai plus envie de faire d'effort. Voilà ce qui ne va pas. Je n'arrive plus à fournir le moindre effort de concentration, de patience, d'énergie, d'envie, de vie. Je n'ai même pas envie de sable blanc, de mer bleue ou d'arbres verts. J'ai juste envie de pluie, de gris, de vent, des plumes de la couette et de toi dedans, de tes mots bleus, de tes yeux verts et de ton sourire blanc. Et de dormir... vraiment.

mercredi 10 décembre 2008

Bleu, vert, blanc (1/2)

Ca fait dix jours que je n'écris rien. Je suis muette des doigts. Non, c'est pas ça. J'écris des tonnes de trucs mais rien ne me va. Rien ne sort vraiment. Tout est confus, emmêlé, imbriqué, pollué, désordonné. Rien ne sort, tout est là comme une pelote que je ne parviens pas à étirer. Je n'ai rien à dire, ce doit être pour ça. Rien ou trop peut-être. J'en sais rien. Je ne me concentre sur rien. Écrire ne me fait pas de bien. Aucun souvenir ne me revient. Je suis comme suspendue par la gorge. Ça serre, ça étouffe, ça garrotte. Quand vont-ils s'apercevoir ici que je ne fous rien ? Ça fait des mois que c'est comme ça. Sur l'année en cours, je n'ai pas dû bosser réellement plus de 30 jours. Ça fait peu pour quelqu'un qui devrait s'investir, mener, conduire, motiver, gérer, créer, imaginer... Je n'ai plus d'idée, plus d'envie. Tout m'ennuie. La seule idée de l'année, c'était cet été. C'était pas gagné mais le deal a fonctionné. C'est signé. Comme souvent ce n'est pas moi qui en serait créditée. J'imagine, j'initie puis je "donne" ou plutôt je laisse prendre. Je m'en fous au fond. Les lauriers sont gratifiants, je ne dirai pas autrement, mais je n'ai aucune envie de me battre pour les avoir sur la tête. Quand tout à coup "on" a trouvé que ça valait le coup, "on" s'est débrouillé pour récupérer le bébé. Je n'avais pas l'énergie nécessaire, alors j'ai laissé faire ceux qui mesurent sans arrêt la longueur de leur queue pour vérifier qu'elle a poussé. Ça à l'air de les amuser. Moi, ça me fait chier. Je devrai me barrer de cet endroit. Trouver un autre lieu qui me motiverait. Je vois à peu près ce qui m'exciterait. J'ai d'ailleurs croisé le DG de cette société ce matin. Deux fois au moins nos chemins se sont coupés. Il était là, seul à attendre qu'on vienne lui poser des questions, s'intéresser. J'aurai pu lui parler. Lui dire qui j'étais et en deux mots convenir d'un déjeuner. Rien. Que dalle. J'ai rien dit, j'ai rien fait, je ne l'ai même pas regardé. Je me sentais conne, je ne savais pas comment l'aborder. J'ai quelques neurones en fonctionnement, un CV qui peut aider. Je ne suis pas timide, je suis souriante et avenante. C'est quoi ce blocage ? Cette sorte de paralysie à aller de l'avant quand je ne connais pas les gens ? J'ai de l'assurance pourtant, mais elle disparait dans ce genre de situation où je me sens en demande, en attente. Je me tiens dans cette réserve élégante par peur de déranger, j'en suis consciente. C'est nul vraiment. Je devrai me foutre de tout ça. Me dire que la vie est courte et que laisser les occasions passer est une absurdité.